Thursday, October 11, 2012

L’androïde de Metropolis : le premier robot érotique

Le robot Futura du film Metropolis, le premier du cinéma, a largement participé à établir l’image du robot dans notre imaginaire collectif. Sa plastique, devenue mythique, a ensuite influencé toutes les représentations de robots dans notre culture. Ainsi, le célèbre « droïde » de protocole C3PO dans la Guerre des Étoiles est caractérisé par un design totalement inspiré par celui du film de Fritz Lang. Futura a été créée, au sens artistique du terme, par le sculpteur Walter Schulze-Mittendorff. Le robot a été conçu comme une armure sur le corps de Brigitte Helm, l’actrice qui incarnait à la fois Maria et l’androïde. Pour cela, l’artiste innova en utilisant pour la première fois une sorte de pâte à bois qui durcirait à l’air et qu’il sculpta ensuite comme du bois naturel.
Un point intéressant à noter est que la description du robot dans le roman d’origine, écrit par Thea von Harbou, est assez différent de sa représentation dans le film. Futura y est décrite comme « un corps féminin en cristal avec un squelette d’argent. » Le robot, dont la description n’est pas sans rappeler la gynéide Hadaly de l’Ève Future de Villiers de l’Isle-Adam, a une structure délicate, proche d’une « merveille. » Dans une scène du roman, elle apparaît lumineuse avec une fluorescence verte pour éclairer le chemin de Joh Fredersen. D’une façon générale, le robot apparaît clairement avoir une emprise sexuelle sur les hommes. Ce trait a été traduit dans le film, en particulier par la scène de danse suggestive interprétée par Brigitte Helm, presque nue, sous les regards avides et hallucinés de l’assistance. Dès qu’un homme la regarde, il tombe immédiatement sous son « charme » jusqu’à en devenir fou. Le contraste entre Maria, « le visage austère de la mère, le doux visage de la vierge », et Futura qui incarne la grande prostituée de Babylone, est alors total (l’image ci-contre montre une photographie de LadyGaga par Dave Lachapelle inspirée de Metropolis).
Nous avons initié un projet qui vise à imaginer et réaliser une représentation graphique animée en image de synthèse de ce qu’aurait put être Futura, avec nos moyens de création modernes. J’espère bientôt être capable de vous montrer quelques images… En attendant, vous pouvez (re)découvrir Metropolis dans sa traduction française inédite!

Sunday, October 07, 2012

Douleur et tremblements : la plus fondamentale des émotions?

À la question de la différence entre l’humain et la machine, la réponse la plus fréquente et la plus populaire est celle des émotions : une machine n’aurait pas la possibilité de ressentir une quelconque émotion. C’est en partie vrai seulement, car un robot doté de capteurs peut « ressentir » son environnement. Ainsi, plusieurs expérimentations ont montré qu’un robot peut analyser les émotions de son interlocuteur et adapter son comportement en conséquence. De plus, de nombreux travaux ont permis d’aboutir à des expressions émotionnelles très réalistes. Néanmoins, il reste indéniable qu’il existe une différence fondamentale entre exprimer un état émotionnel fusse-t-il le résultat d’un processus mettant en œuvre un niveau de perception et « ressentir réellement » une émotion. C’est toute la différence entre une simulation et la réalité. Les différences de nature entre l’organique et l’artificiel, entre l’évolution et la création ex nihilo, etc., sont autant de raisons de penser qu’il sera extrêmement difficile d’aboutir à une créature artificielle capable de ressentir des émotions au sens où nous l’entendons généralement.
Ce matin au Jardin des Tuileries, j'admirais la sculpture d'Aristide Maillol  intitulée "La Douleur" (image ci-contre). Parmi les émotions, elle est celle qui me semble la plus fondamentale. Peut-être la plus importante de toute. Il me semble intuitivement qu’elle est à l’origine de toutes les autres : quand on a la douleur, on obtient le plaisir, quand on a du plaisir on obtient le contentement, etc. La douleur entretient également une relation très étroite avec l’intégrité corporelle et la conscience de soi et l’apprentissage. Lorsque l’on s’intéresse un peu à elle, on s’aperçoit rapidement que c’est une notion complexe, au même titre que l’intelligence, la conscience, la vie. D’une part, nous savons tous la reconnaître immédiatement, mais elle reste difficile à définir précisément.
Parmi les multiples définitions, en voici une (source wikipédia) : « une douleur est une sensation désagréable ressentie par un organisme dont le système nerveux détecte un stimulus nociceptif. Elle peut être provoquée par un traumatisme (brûlure, plaie, choc) ou une maladie, mais aussi par un mauvais fonctionnement du système nerveux responsable de sa transmission. Habituellement, elle correspond à un signal d'alarme de l'organisme pour signifier une remise en cause de son intégrité physique. Un individu pourrait ressentir une sensation extrêmement désagréable, voire insupportable, qui peut provoquer un mouvement réflexe de retrait (au niveau des membres et des extrémités) ou un changement de position du corps. »
Les douleurs surviennent dans les systèmes complexes. Elles se résument schématiquement en douleurs par excès de nociception, en douleurs neurogènes, en douleurs psychogènes, en douleurs aiguës et chroniques. Pour terminer, je dirai qu’il ne faut pas essayer de simuler la douleur dans une machine comme un humain la ressent, mais plutôt d’identifier les phénomènes qui, compte tenu de la nature inorganique des machines, pourrait être qualifiées de sources de « douleurs » : perte de l’intégrité matérielle, température excessive des composants, encombrement mémoire, bugs et autres virus, etc., et intégrer au plus bas niveau les mécanismes de perception interne et d’alerte.