J’ai eu le plaisir
dernièrement de suivre en tant que « Directeur de projet » les
travaux d’un étudiant du Strate Design College, Matthias Schmitt, ayant pour
objectif de réaliser une colonie de plantes cyborgs. L’idée surprend au premier
abord et peut même paraître saugrenue, mais elle est dans les faits très riche
et porteuse de sens.
Le nom du projet GÅ.IA
évoque évidemment la déesse mère antique,
mais aussi l’hypothèse Gaïa de l'écologiste anglais James Lovelock, tout en pointant l’utilisation de l’intelligence artificielle. Tout un
programme...
Le robot est constitué
d’une plateforme mobile comprenant la partie mécatronique, les capteurs et
l’intelligence artificielle, le tout associé à une plante. On pourrait penser
qu’il ne s’agit que d’un « pot de fleur mobile », mais la symbiose
entre l’artificiel et la plante a été poussée pour donner au végétal ce qui lui
manque : la mobilité, l’intelligence et la capacité de communiquer avec
nous (notons au passage que les plantes ont naturellement ces capacités, mais
nous parlons ici plutôt au sens anthropomorphique des termes). Dans son projet,
Matthias envisage des colonies de plantes cyborgs communicantes, déambulant
dans nos cités urbaines avec quatre types d’applications : protection
(contre les moustiques par exemple), alimentation (porteuse de fruits ou
d’herbes comestibles), antipollution (filtrantes et fixation de toxines),
décoratives et odorantes (pour lutter contre la pollution visuelle et
olfactive).
Utopique? Pas tant que
cela, comme le prouve le nombre grandissant de projets robotiques consistant à
doter les végétaux de capacités technologiques. Citons par exemple, le robot JAP- Jurema Action Plant de Ivan Henriques, le projet de robot contrôlé par une plante (et non l’inverse) de James Stone, les Plantas nomadas de Gilberto
Esparza, ou bien encore Botanicus Interacticus d’une équipe de chercheurs de
Disney Research et montré au Siggraph en 2012.
D’autres travaux de
recherche tentent de tirer profit des capacités de transformation de l’énergie
solaire des plantes. Citons par exemple les feuilles artificielles
de Kane Jennings et Peter Ciesielski, ou celles de Ramaraja Ramasamy etYogeswaran Umasankar.
En outre, on peut
imaginer des plantes cyborgs à toutes les échelles du vivant : de l’arbre
(et forêts) jusqu’aux colonies de micro-plantes,
tirant partie des cybertechnologies, des biotechnologies et des
nanotechnologies. Les applications potentielles couvrent alors de très nombreux
problèmes actuels : énergie renouvelable, pollution, aide à la personne,
etc.
Alors que les cyborgs
humanoïdes sont souvent appréhendés comme des monstres, les plantes cyborgs
annoncent une forme de réconciliation de la technologie et de la nature. Alors,
bientôt des plantes cyborgs dans votre appartement pour vous tenir
compagnie?
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