Alors que les commentateurs s’interrogent sur la survie d’Apple après le décès de Steve Jobs, la firme à la pomme propose a priori une « simple » évolution de l’Iphone 4. Nombreux ont été déçus par cette annonce en demi-teinte alors qu’ils s’attendaient à un iPhone 5 débordant de nouveautés, en hommage au départ sans retour possible de leur gourou. Pour ma part, je pense que l’évolution dans cet iPhone 4S n’est pas décevante, elle est au contraire extrêmement ambitieuse et prometteuse pour la suite. Je ne parle pas ici du double cœur plus rapide ou de l’amélioration de la résolution du capteur, mais bien de l’arrivée en Beta de l’assistant personnel Siri.
De mon point de vue, il ne s’agit pas uniquement d’un simple système de commandes vocales, plutôt déceptifs, tel que l’on peut en avoir sur la plupart des smartphones. Il s’agit d’une interface intelligente qui préfigure les agents intelligents (IA) qui seront répandues sur tous nos terminaux mobiles d’ici quelques années. Mais d’où vient donc Siri ?
À l’origine, il s’agit d’un projet en IA appelé IRIS (Integrate, Relate, Infer, Share.) qui faisait partie du programme de recherche CALO (Cognitive Assistant that Learns and Organizes) financé par les militaires, mené par l’équipe d’Adam Cheyer au SRI (Stanford Research Institute) en Californie.
L’idée centrale est de réaliser un « Do Engine » plutôt qu’un « Search Engine » en agrégeant un ensemble d’applications pré-existantes autour d’un « cœur » intelligent sémantique. Les utilisateurs peuvent alors taper des commandes au clavier ou poser une question vocalement et le logiciel interprète leur intention en s’aidant du contexte grâce aux données disponibles sur le téléphone, comme la liste des contacts ou la localisation GPS. La fonction de reconnaissance vocale est assurée par la technologie de la société Nuance, reconnue comme l’une des plus efficaces. Néanmoins, celle-ci trouve rapidement ses limites en environnement bruité.
En parallèle avec les travaux de recherches, Adam Cheyer a créé une start-up avec quelques collègues pour commercialiser une version grand public du prototype de recherche, la technologie de base étant sous licence SRI. Un test de la version 1.0 de Siri était déjà possible l’année dernière avec un iPhone d’ancienne génération, en téléchargeant l’application sur l’Apple Store (image ci-contre). Depuis, Apple a racheté la start-up d’Adam Cheyer pour intégrer la technologie Siri au cœur de l’interface utilisateur de l’iPhone.
Certain pensent qu’il ne s’agit là que d’un ajout pour combler le vide sidéral des améliorations de l’iPhone 4S. Je ne suis pas de cet avis. Au départ, Apple était certes une entreprise de Hardware, puis elle s’est distinguée rapidement par son système d’exploitation et son approche utilisateur. Aujourd’hui c’est avant tout une entreprise où l’innovation technologique est essentiellement guidée par le design et l’ergonomie. Mettre au coeur de l’iPhone et de l’iPad un agent intelligent pour améliorer l’interface utilisateur est donc tout à fait dans la direction stratégique qu’a insufflée Steve Jobs. D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit de consulter quelques uns des brevets déposés par l’entreprise qui visent à verrouiller le domaine des améliorations à venir. À suivre…
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