Tuesday, November 27, 2012

Et l'homme... créa le robot

J'ai le plaisir de donner une conférence intitulée "Aux origines du mythe des robots" au Musée des arts et Métiers le jeudi 6 décembre 2012 de 18h30 à 20h00 (Amphi C) dans le cadre de l'exposition "Et l'homme créa le robot". La conférence sera suivie d'une visite de l'exposition.
Voici le thème de la conférence : Bien avant leur apparition, les robots étaient déjà présents dans l’imaginaire des grands auteurs romantiques du XIXe siècle : Hoffmann, Villiers de L’Isle-Adam, Mérimée, Balzac, Poe... Des statues vivantes au Golem, des hommes mécaniques au monstre de Frankenstein, des gynéïdes fatales aux robots universels, ces histoires ont érigé le robot en créature mythique. Metropolis, roman d’anticipation de la romancière Thea von Harbou, paru en 1926 et adapté au cinéma dès 1927 par Fritz Lang, marquera la première apparition d’un robot à l’écran. La lecture, ou relecture, de ces romans et nouvelles fantastiques nous révèle les sources de la fascination mais aussi de la peur que ces créatures artificielles nous inspirent. Replacés dans leur contexte historique et scientifique, ces textes, écrits au siècle où les découvertes vont changer le monde, ont contribué à construire notre conception du robot aujourd’hui…
La vidéo de la conférence sera ensuite disponible sur le site du Musée et sur le site de l'exposition. Une version audio sera également disponible sur la webradio de France Culture.
Cette conférence grand public sera précédée de la participation à l'émission de France Inter "Ouvert la nuit" à 22H00 le mercredi 28 novembre.

Thursday, October 11, 2012

L’androïde de Metropolis : le premier robot érotique

Le robot Futura du film Metropolis, le premier du cinéma, a largement participé à établir l’image du robot dans notre imaginaire collectif. Sa plastique, devenue mythique, a ensuite influencé toutes les représentations de robots dans notre culture. Ainsi, le célèbre « droïde » de protocole C3PO dans la Guerre des Étoiles est caractérisé par un design totalement inspiré par celui du film de Fritz Lang. Futura a été créée, au sens artistique du terme, par le sculpteur Walter Schulze-Mittendorff. Le robot a été conçu comme une armure sur le corps de Brigitte Helm, l’actrice qui incarnait à la fois Maria et l’androïde. Pour cela, l’artiste innova en utilisant pour la première fois une sorte de pâte à bois qui durcirait à l’air et qu’il sculpta ensuite comme du bois naturel.
Un point intéressant à noter est que la description du robot dans le roman d’origine, écrit par Thea von Harbou, est assez différent de sa représentation dans le film. Futura y est décrite comme « un corps féminin en cristal avec un squelette d’argent. » Le robot, dont la description n’est pas sans rappeler la gynéide Hadaly de l’Ève Future de Villiers de l’Isle-Adam, a une structure délicate, proche d’une « merveille. » Dans une scène du roman, elle apparaît lumineuse avec une fluorescence verte pour éclairer le chemin de Joh Fredersen. D’une façon générale, le robot apparaît clairement avoir une emprise sexuelle sur les hommes. Ce trait a été traduit dans le film, en particulier par la scène de danse suggestive interprétée par Brigitte Helm, presque nue, sous les regards avides et hallucinés de l’assistance. Dès qu’un homme la regarde, il tombe immédiatement sous son « charme » jusqu’à en devenir fou. Le contraste entre Maria, « le visage austère de la mère, le doux visage de la vierge », et Futura qui incarne la grande prostituée de Babylone, est alors total (l’image ci-contre montre une photographie de LadyGaga par Dave Lachapelle inspirée de Metropolis).
Nous avons initié un projet qui vise à imaginer et réaliser une représentation graphique animée en image de synthèse de ce qu’aurait put être Futura, avec nos moyens de création modernes. J’espère bientôt être capable de vous montrer quelques images… En attendant, vous pouvez (re)découvrir Metropolis dans sa traduction française inédite!

Sunday, October 07, 2012

Douleur et tremblements : la plus fondamentale des émotions?

À la question de la différence entre l’humain et la machine, la réponse la plus fréquente et la plus populaire est celle des émotions : une machine n’aurait pas la possibilité de ressentir une quelconque émotion. C’est en partie vrai seulement, car un robot doté de capteurs peut « ressentir » son environnement. Ainsi, plusieurs expérimentations ont montré qu’un robot peut analyser les émotions de son interlocuteur et adapter son comportement en conséquence. De plus, de nombreux travaux ont permis d’aboutir à des expressions émotionnelles très réalistes. Néanmoins, il reste indéniable qu’il existe une différence fondamentale entre exprimer un état émotionnel fusse-t-il le résultat d’un processus mettant en œuvre un niveau de perception et « ressentir réellement » une émotion. C’est toute la différence entre une simulation et la réalité. Les différences de nature entre l’organique et l’artificiel, entre l’évolution et la création ex nihilo, etc., sont autant de raisons de penser qu’il sera extrêmement difficile d’aboutir à une créature artificielle capable de ressentir des émotions au sens où nous l’entendons généralement.
Ce matin au Jardin des Tuileries, j'admirais la sculpture d'Aristide Maillol  intitulée "La Douleur" (image ci-contre). Parmi les émotions, elle est celle qui me semble la plus fondamentale. Peut-être la plus importante de toute. Il me semble intuitivement qu’elle est à l’origine de toutes les autres : quand on a la douleur, on obtient le plaisir, quand on a du plaisir on obtient le contentement, etc. La douleur entretient également une relation très étroite avec l’intégrité corporelle et la conscience de soi et l’apprentissage. Lorsque l’on s’intéresse un peu à elle, on s’aperçoit rapidement que c’est une notion complexe, au même titre que l’intelligence, la conscience, la vie. D’une part, nous savons tous la reconnaître immédiatement, mais elle reste difficile à définir précisément.
Parmi les multiples définitions, en voici une (source wikipédia) : « une douleur est une sensation désagréable ressentie par un organisme dont le système nerveux détecte un stimulus nociceptif. Elle peut être provoquée par un traumatisme (brûlure, plaie, choc) ou une maladie, mais aussi par un mauvais fonctionnement du système nerveux responsable de sa transmission. Habituellement, elle correspond à un signal d'alarme de l'organisme pour signifier une remise en cause de son intégrité physique. Un individu pourrait ressentir une sensation extrêmement désagréable, voire insupportable, qui peut provoquer un mouvement réflexe de retrait (au niveau des membres et des extrémités) ou un changement de position du corps. »
Les douleurs surviennent dans les systèmes complexes. Elles se résument schématiquement en douleurs par excès de nociception, en douleurs neurogènes, en douleurs psychogènes, en douleurs aiguës et chroniques. Pour terminer, je dirai qu’il ne faut pas essayer de simuler la douleur dans une machine comme un humain la ressent, mais plutôt d’identifier les phénomènes qui, compte tenu de la nature inorganique des machines, pourrait être qualifiées de sources de « douleurs » : perte de l’intégrité matérielle, température excessive des composants, encombrement mémoire, bugs et autres virus, etc., et intégrer au plus bas niveau les mécanismes de perception interne et d’alerte.

Wednesday, September 26, 2012

Vivre avec les Robots au Festival Int. du Film Scientifique ParisScience

Le documentaire de 52' "Vivre avec les robots" réalisé par Elodie Fertil (Gedeon Programmes) fera partie des films présentés lors du Festival International du Film Scientifique des 4 au 9 octobre prochains. Pour mémoire, je présente dans le documentaire certains de mes travaux de recherche sur l'Intelligence Artificielle et plus particulièrement le projet d'agent conversationnel Minna House basé sur la technologie EVA (Evolutionary Virtual Agent), une jeune psychothérapeute au caractère bien trempé. Ce projet était un clin d’œil à la célèbre Eliza créée au MIT par Joseph Weizenbaum entre 1964 et 1966. Le nom de Minna House fait référence d'une part au fameux Docteur House qui lui a légué quelques unes de ses répliques acides et odieux traits de caractères, et à Minna Bernays-Freud (1865-1941), belle-sœur et "amie" du célèbrissime théoricien de la psychanalyse.
J'interviendrai dans un débat avec les jeunes spectateurs après la projection du film le jeudi 4 octobre de 16H00 à 17H30 au Grand Amphithéâtre du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris. La soirée Palmarès aura lieu au même endroit le mardi 9 octobre à 18H30. Que le meilleur gagne!

Sunday, September 23, 2012

Chopin et les androïdes

Frédéric Chopin a eu (1810-1849) une vie courte mais intense. Il fortement influencé par sa musique le courant romantique. ce grand artiste ne pouvait avoir manqué de voir les grands automates qui étaient exposés partout en Europe, ces précurseurs de nos robots modernes. Voici d'ailleurs un extrait surprenant de ses correspondances de 1846 traduites en français :
"En ce moment, je n'ai à Paris aucun de mes camarades d'école. Mais à propos de découvertes, en voici une qui est davantage de mon domaine. Monsieur Faber, de Londres, mécanicien très adroit et professeur de mathématiques a exposé un automate de sa fabrication. Il l'a nommé Euphonia. Cet automate prononce distinctement non un ou deux mots, mais de longues phrases. De plus, il chante un air de Haydn et le God Save The Queen. Si les directeurs d'opéras avaient à leur disposition beaucoup de ces androïdes, ils n'auraient plus besoin des choristes qui coûtent cher et causent de l'embarras. C'est chose étrange qu'on puisse arriver à ce résultat à l'aide de leviers, de soufflets, de soupapes, de chaînettes, de tuyaux, de ressorts, etc., etc. Je vois ai parlé autrefois du canard de Vaucanson qui digérait ce qu'il mangeait. Vaucanson avait créé aussi un androïde jouant de la flûte. Mais jusqu'à présent aucune machine n'avait chanté God Save The Queen. L'Euphonia en question est visible depuis deux mois à l'Egyptian Hall (Comme Bartek doit le savoir, c'est un endroit consacré à l'exhibition de toutes sortes de curiosités)."
L'image de gauche montre en haut l'une des rares photographie de Chopin et en dessous une photographie d'Euphonia.

Saturday, September 15, 2012

Le sourire mystérieux de la Musicienne

Une semaine après mon retour de Neuchâtel et de la Chaux-de-Fonds, je garde encore en mémoire le sourire mystérieux de la Musicienne. Il n'est certes pas comparable à celui, plus célèbre, de la Joconde, mais cette créature artificielle animée dégage un charme étrange et une étonnante impression de vie. Ce merveilleux automate est une véritable œuvre d’art, l’un des androïdes parmi les plus célèbres du siècle des Lumières. Il a été réalisé, comme trois autres automates (l’un d’eux a disparu) par Pierre Jaquet-Droz, son fils Henri-Louis et Jean-Frédéric Leschot entre 1767 et 1774. La musicienne est une joueuse d'orgue qui peut réellement interpréter cinq motifs musicaux différents. En effet, ce n’est pas une simple boîte à musique, mais c’est l’androïde qui enfonce les touches d'un orgue avec ses doigts. Elle respire et suit des yeux le jeu de ses mains, elle fait des mouvements du torse comme un véritable organiste, et termine son récital par une révérence au public. Mais, même lorsqu’elle ne joue pas, la Musicienne semble encore plus vivante : sa poitrine se soulève et s’abaisse lentement, des mouvements subtils animent sa tête et ses yeux. En fait, on ne les remarque pas dans un premier temps, et il faut l’observer plus attentivement pour déceler ces infimes mouvements qui procure l’étrange sensation d’un être à jamais emprisonné en l’animé et l’inerte, entre la vie et la mort. Il y a beaucoup d’empathie pour cette musicienne mais, en même temps, son aspect mystérieux dérange. Nous sommes au bord de la vallée de l’étrange.
Pour arriver à ce résultat, les créateurs de la Musicienne ont choisi une jeune femme et non une adulte. La boucle d’animation dans la posture d’attente est très subtile, à peine perceptible. Elle n’a rien à envier aux animations stochastiques du même type que l’on utilise pour animer nos avatars et nos robots modernes. J’ai eu également l’occasion de voir les « dessous » de la belle et j’ai été étonné de voir le « réalisme » des détails de la poitrine. Je ne posterai pas ces images, eut égard au respect que je porte à la Musicienne, mais cela illustre bien le soin du détail apporté à la réalisation de l’automate, même sur des aspects qui, a priori, ne sont pas perceptibles par le spectateur. Cela confirme l’un des points importants pour la création d’un personnage inoubliable : même si l’on n’en perçoit que 20%, les autres 80% sont nécessaires et concourent à construire sa personnalité, à lui donner la richesse et la subtilité du vivant.

Monday, September 03, 2012

Colloque International de Neuchâtel sur les automates

Du 6 au 8 septembre prochains, j’ai le plaisir de participer au Colloque International « L'Automate, enjeux historiques, techniques et culturels » qui se tiendra au Musée d'art et d'histoire de Neuchâtel et au Musée internationald'horlogerie des Chaux-de-Fonds en Suisse. Outre la partie conférence forte stimulante (le programme est ici), nous aurons la chance de visiter les musées, dont la pièce phare est sans aucun doute la Musicienne d'Henri-Louis Jaquet-Droz. Un événement à ne pas manquer pour ceux qui se passionnent (comme moi) pour l’histoire des créatures artificielles. La figure ci-contre illustre plusieurs des conférences qui auront pour thème les androïdes et les automates au Moyen-Âge, période que j'ai peu étudié jusqu'à présent.

Thursday, June 07, 2012

Vallée de l'étrange et barrière de complexité - Uncanny Valley and Complexity Barrier


Est-il possible réellement de créer des êtres artificiels ? Je veux dire : des créatures artificielles qui soient si proches des êtres vivants que l’on ne sache plus faire la différence ?
Il faut bien reconnaître que la démarche classique qui consiste à partir des technologies les plus récentes pour tenter de concevoir des êtres artificiels donne des résultats intéressants, souvent utiles, mais encore très loin de ce que la nature est capable de produire. Cela a été le cas pour la technologie horlogère avec les grands automates des Lumières. C’est aujourd’hui encore le cas avec les robots basés sur les cyber-technologies. La question est de savoir pourquoi. Nous faut-il de plus gros ordinateurs, plus rapides ? Est-ce que quelque-chose nous aurait échappé ?
Dans un post précédent, j’ai évoqué la thèse de la vallée de l’étrange du Japonais Masahiro Mori. La vision traditionnelle est que plus on ajoute de détails à un robot androïde, plus on se rapproche de l’humain et plus l’empathie devient importante. Masashiro Mori a montré, qu’au contraire, plus un robot humanoïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses. La théorie prévoit cependant qu'au delà d'un certain niveau de perfection dans l'imitation, les robots humanoïdes retrouveraient une plus grande acceptation.
De mon point de vue, cette vallée de l’étrange, où chaque infime détail peut rompre la cohérence de l’ensemble, correspond dans les faits à une barrière de complexité. Cette barrière est due à notre niveau de compréhension (encore faible) des phénomènes complexes et à la nature même de nos technologies qui ne sont pas (encore) aptes à permettre l’élaboration de systèmes ayant le même ordre de grandeur de complexité qu’un être vivant. Nous sommes capables de « simuler » très habilement mais « réaliser » une créature artificielle aussi complexe qu’un être vivant reste une tâche encore hors de notre portée, n’en déplaise aux partisans d’une singularité technologique imminente…
L’approche qui consiste à franchir la barrière de complexité d’en bas vers le haut en « sautant » au-dessus de la vallée semble donc très difficile. Néanmoins, il existe une autre voie : celle qui consiste à partir d’en haut et redescendre. Autrement dit, il s’agit de partir du vivant et de le modifier en utilisant nos technologies. Les avancées récentes des biotechnologies et des nanotechnologies semblent aller dans ce sens. Ce chemin ne se heurte plus à la barrière de complexité qu’elle enjambe avec aisance. Cela ne veut pas dire qu’il faille s’y engouffrer sans réfléchir : heureusement quelques gardes fous éthiques permettront, du moins je l’espère, de sauter sans tomber dans le précipice de la vallée des monstres. Alors demain tous cyborgs?

Is it possible to actually create artificial beings? I mean: artificial creatures that are so close to living beings that we do no longer see the difference?
We must recognize that the traditional approach which is to use our latest technology to try to create artificial beings gives interesting results, often useful, but still far from what nature have produced. This was the case for the clock mechanical technology which allowed the creation of the great android automata during the 17th Century. It's still the case with robots based on our cyber-technologies. The question is why. Do we need larger and faster computers? Have we missed something important?
In a previous post, I discussed the “uncanny valley” thesis from Masahiro Mori. The traditional view is that if more and more details are added to an android robot, then it will be closer to human and our empathy will increase. Masashiro Mori showed, however,
that when human replicas look and act almost (but not perfectly) like actual human beings, it causes a response of revulsion among human observers. However, the theory predicts that beyond a certain threshold of perfection in the imitation, humanoid robots would find greater acceptance.
From my point of view, this uncanny valley, where every small detail may break the coherence of the all, corresponds to a complexity barrier. This barrier is due to our level of understanding (still weak) of complex phenomena and the nature of our technologies that are not (yet) capable of allowing the design of systems having the same order of magnitude of complexity that living beings. We are able to "simulate" very cleverly, but "realizing" an artificial creature as complex as a living being is a task still beyond our reach, no offense to the supporters of the impending technological singularity ...
Thus, the approach to overcome the barrier of complexity from bottom to top, “crossing” or “skipping” over the valley seems very difficult. However, there is another way: one that is from top to bottom. In other words, it starts from real living beings and uses our technologies to modify them. Recent advances in biotechnology and nanotechnology seem to go in this direction. This path runs over the barrier of complexity with ease. This does not mean we have to rush into it: fortunately few ethical guardrails will allow us, at least I hope, to jump without falling into the abyss of the valley of monsters. So tomorrow, all cyborgs?

Tuesday, June 05, 2012

IC2012 : Concevoir des dispositifs capables d'augmenter la pensée

Je participerais le lundi 25 Juin, en tant que conférencier invité, aux 23èmes Journées Francophones d'Ingénierie des Connaissances à Paris (centre des Cordeliers). Le thème de cette année est particulièrement intéressant :
"Du mythe d’Icare au projet de la biomimétique lancé par J.M. Benyus, l’homme s’applique à copier la nature pour concevoir ou améliorer ses systèmes techniques. Dans le domaine de l’IA, de la robotique et du data mining, on citera pour exemple les algorithmes évolutionnaires, les algorith
mes d'optimisation par essaim de particules, ou encore les modèles d’optimisation inspirés du comportement des insectes sociaux. Dans tous les cas, il s’agit de s’inspirer plus ou moins fortement de modélisations de structures existant dans la nature (structures s ociales, biologiques, etc.) et d’appliquer les lois qui régissent ces structures aux données dans un problème d’optimisation.
L’Ingénierie des Connaissances (IC) peut-elle adopter une telle démarche ? L’IC a-t-elle besoin des Sciences Cognitives ? Les concepteurs d’ontologies ont-ils par exemple intérêt à s’appuyer sur les travaux réalisés sur la mémoire sémantique et la catégorisation ? Plus généralement, l’IC a-t-elle un quelconque avantage à s’inspirer des modèles du vivant pour concevoir ses dispositifs ?
On serait spontanément porté à répondre à ces questions par la positive. Les premiers raisonneurs en Intelligence Artificielle (IA) s’inspirent de modèles psychologiques du raisonnement ou de la formation des concepts chez l’homme. La théorie de la rationalité limitée d’Herbert Simon, visant à modéliser les stratégies sur lesquels s’appuie l’individu pour prendre des décisions, servit de base au développement des méthodes heuristiques en IA : le raisonnement à base de règles, et par exemple d’arbres de décisions. Et le modèle de représentation utilisé dans les ontologies contemporaines est une reprise des réseaux sémantiques, développés par les psychologues dans les années 1960 pour rendre compte de la manière dont les concepts sont organisés dans la mémoire humaine.
Cependant, le projet de l’IC, en tant que secteur de l’ingénierie, n’est pas de créer des machines qui pensent, encore moins des machines qui pensent comme l’homme – mais de concevoir des machines capables d’aider l’homme à penser. Or a-t-on besoin de connaître les mécanismes de la cognition pour assister celle-ci ? Une supplémentation efficace de la cognition humaine exige manifestement une certaine compréhension de son fonctionnement. Mais l’histoire nous fournit nombre d’exemples d’artéfacts cognitifs, tels le boulier, manifestement inventés indépendamment de toute théorie du fonctionnement cognitif.
On le voit, ce problème est donc moins évident qu’il n’y parait. Des nuances sont nécessaires. La finalité de cet atelier sera précisément d’expliciter et de discuter ces nuances."
Personnellement, ma présentation sera centrée sur une approche de l'IA influencée par les sciences de la complexité. En voici le pitch :
Du super-ordinateur intelligent à la singularité technologique, l'intelligence artificielle (IA) a toujours fait l'objet de prédictions fantasmatiques. Ce phénomène a été amplifié par la littérature de science-fiction et les films à grand spectacles où l'IA est souvent représentée comme une entité omnisciente et belliqueuse. Malgré de nombreuses avancées, la réalité dans les laboratoires est bien plus laborieuse, mais aussi dans ses applications plus rassurante. Nous rappellerons brièvement les grandes étapes de l'histoire tumultueuse de cette discipline, puis nous tenterons de comprendre les raisons profondes qui limitent son développement. Nous proposerons alors une approche qui s'appuie sur les sciences de la complexité, non pas pour obtenir des machines qui pensent comme l’humain mais des machines qui complètent notre intelligence. Dans ce contexte, sur la base de quelques exemples expérimentaux, nous discuterons l’hypothèse qu’une intelligence, qu’elle soit naturelle ou artificielle, ne peut exister qu’à la frontière entre l’ordre et le chaos.

Friday, June 01, 2012

Vivre avec les robots

Découvrez le documentaire (52') réalisé par Elodie Fertil pour Gedeon Programmes sur les robots : Vivre avec les robots. Voici le pitch :
 Jusqu’à aujourd’hui, il était difficile d’imaginer qu’un jour, des robots faits de métal et d’électronique pourraient rivaliser avec l’homme. Et pourtant ... Ces dernières années, de spectaculaires progrès technologiques permettent désormais aux machines de faire de plus en plus partie de notre vie. Grâce au documentaire « Vivre avec les robots », nous allons faire la découverte de ces robots qui, grâce à leur capacité à nous remplacer pour des taches délicates, compliquées, physiques ou ennuyeuses, grâce à leurs performances en terme d’interactions et de communication, deviennent progressivement des acteurs majeurs de nos sociétés. Dans notre environnement, ils sont d’ailleurs déjà omniprésents. Sans même nous en rendre compte, nous faisons sans cesse appel à eux et avec les progrès de l’intelligence artificielle, ils sont sur le point de s’immiscer encore davantage dans notre quotidien. Tout au long du film, de nombreuses questions se poseront, qu’elles soient technologiques, sociologiques ou même philosophiques. Sommes-nous prêts à côtoyer les machines aussi intimement, à laisser les secondes générations d’androïdes à l’apparence humaine entrer dans nos maisons, s’occuper de nos familles, et même pourquoi pas, prendre parfois notre place ? Sommes-nous capables de les laisser s’instruire et évoluer à notre contact ? Pouvons-nous vivre avec des créatures possédant une vie mentale programmée ? Et si la technologie le permettait dans un futur proche, pourrions-nous accepter de cohabiter avec une autre forme de vie intelligente, des machines pensantes capables peut-être un jour de nous surpasser ? Ces questions ne sont désormais plus farfelues ni réservées au seul public fan de science- fiction. Dans le film « Vivre avec les robots », nous y apporterons des réponses en interrogeant des scientifiques, des inventeurs, des utilisateurs, des chefs d’entreprises, qui nous donneront un avant gout du futur tel qu’ils l’imaginent. Car, qu’on les redoute ou qu’on les attende avec impatience, il semble bien qu’à l’avenir, humains et robots soient vouées à cohabiter ensemble.

Saturday, May 26, 2012

Débat sur les robots à la bibliothèque de Port-Royal

Venez nombreux au débat sur les robots organisé par la Bibliothèque Rainer Maria Rilke à Port-Royal jeudi soir à 19H00, entrée libre. Voici le thème de nos échanges :
En quelques décennies, les progrès de la science ont permis d’offrir à l’homme une amélioration de sa qualité de vie. La robotique, de nos jours, facilite le quotidien des personnes handicapées ou le travail de la chirurgie de pointe. Au-delà de la science fiction où le robot est souvent présenté comme une menace, il représente aujourd’hui un allié indispensable. Pour autant, l’homme doit-il remettre son avenir entre les mains des nouvelles technologies ?
En présence de Catherine Simon, membre de SYROBO, syndicat de la robotique de service et commissaire général d'INNOROBO, sommet international de la robotique ; Guillaume Morel, enseignant à l’ISIR, spécialiste des applications médicales. Débat modéré par Jean-Claude Heudin, directeur de l’Institut de l’Internet et du Multimédia (IIM), spécialiste de l’intelligence artificielle et auteur de Robots et avatars, Odile Jacob, 2009.

Friday, April 06, 2012

Les médias du futur : entre fictions, modèles et sociétés

Dans le cadre du Colloque Mediapolis qui se tiendra la semaine prochaine au Palais de la Découverte à Paris, je participerai à la table-ronde sur "Les médias du futur : entre fictions, modèles et sociétés" (vendredi 13 avril 2012 de 14h à 16h30). Voici le thème de nos débats :

Depuis toujours l’homme se projette dans l’avenir, imagine le monde de demain et tente de prévoir l’apparition de nouvelles technologies. À quoi ressemblera notre avenir technologique ? Pourquoi cherche‐t‐on à repousser les limites des savoirs et des technologies contemporaines ? Spécule‐t‐on sur le futur ? Quels modèles de société pour les hommes de demain ? Des sociologues, chercheurs et éminents spécialistes débattront du devenir des technologies et de la société. En effet, face à l’omniprésence des médias, de nouveaux usages apparaissent et les comportements se modifient. Que sera le monde de demain ? Comment réagirons‐nous face à ces
évolutions et ces changements ? Des questions déontologiques, des exemplifications et des avis d’experts : un savant mélange pour dresser un portrait de ce que seront les médias du futur !
A propos de Mediapolis : L'Université de Versailles Saint‐Quentin‐en‐Yvelines (UVSQ) organise pour la 8ème année consécutive, en partenariat avec Universcience et l'UNESCO, un colloque qui traitera des tendances actuelles en matière de nouveaux médias et des perspectives d’avenir dans ce domaine. Cet événement gratuit se déroulera au Palais de la découverte les 12 et 13 avril 2012 et constituera un vrai temps de débat entre professionnels, universitaires et grand public.

Friday, March 16, 2012

Back from Innorobo 2012: and the winner is...

I'm back this afternoon from the second Innovation Robotic Summit in Lyon (14-16 march 2012). The spring weather was so beautiful and we had a very good time among many walking, talking, singing, dancing, wandering robots. There was many very interesting robots or exoskeleton (like Cyberdyne's HAL or Deloite's Hercule for the french Defense). I made a huge number of photos and videos of these robots, and I hope to be able to make some of them available on the web.
However, among all these big and small robots, my preference definitely goes to the iCub humanoid.  While most robots were presented, it must be said, in demo mode or remotely operated, the demonstration at the booth of the « Istituto Italiano di Tecnologia » was one of the few that was a true cognitive experiment. The iCub is the humanoid robot developed at IIT as part of the EU project RobotCub and subsequently adopted by more than 20 laboratories worldwide. The iCub platform has as its aim the replication of the physical and cognitive abilities of a 3 year and half old baby. This « baby » robot acts in a cognitive scenario, performing the tasks useful to learning, interacting with the environment and humans.
Thanks to all people of Innoecho (the organizer) with a special thank to Catherine Simon and Beryl Breas. See you next year! (March 20-22 2013).

Wednesday, March 07, 2012

NEW : Robot Erectus at Innorobo 2012

À l’occasion de INNOROBO 2012, Science-eBook a le plaisir d’annoncer la publication du nouveau livre de Jean-Claude Heudin intitulé « ROBOT ERECTUS – Une anthologie des nouvelles fantastiques à l’aube des robots ».
Bien avant leur apparition, les robots étaient déjà présents dans l’imaginaire des grands auteurs romantiques du XIXe siècle : Hoffmann, Villiers de L’Isle-Adam, Mérimée, Balzac, Poe.... Des statues vivantes au Golem, des hommes mécaniques au monstre de Frankenstein, des gynéides fatales aux robots universels, ces histoires ont érigé le robot en créature mythique.
Dans cet ouvrage de plus de 920 pages, Jean-Claude Heudin rassemble pour la première fois les textes intégraux des romans et nouvelles fantastiques qui remontent aux sources de la fascination mais aussi de la peur que les créatures artificielles nous inspirent. Il nous livre également les clés nécessaires pour replacer ces textes dans leur contexte historique et scientifique, celui d’un siècle où les découvertes vont changer le monde.

On the occasion of INNOROBO 2012, Science-eBook is pleased to announce the new book written by Jean-Claude Heudin entitled « ROBOT ERECTUS – An anthology of fantasy novels at the dawn of robots. »
Long before their appearance, robots were already present in the imagination of the great Romantic writers of the nineteenth century: Hoffmann, Villiers de L'Isle-Adam, Mérimée, Balzac, Poe.... From Living Statues to the Golem, from Mechanical Men to Frankenstein's Monster, from Fatal gynéides to Universal Robots, these stories have made the robot a mythical creature.
In this book of over 920 pages, Jean-Claude Heudin brings together for the first time the full texts of novels and fantasy stories that go back to the sources of fascination and fear that artificial creatures inspire us. It also gives us the keys to replace these texts in their historical and scientific context, a century where discoveries have changed the world.

ROBOT ERECTUS
Une anthologie des nouvelles fantastiques à l’aube des robots
Jean-Claude Heudin
Science-eBook, Paris, Mars 2012
920 pages – 4,99 € TTC
ISBN-979-10-91245-00-5
Formats disponibles : ePUB, Kindle, PDF

Saturday, February 11, 2012

Après Siri, voici Angie : un nouvel assistant intelligent "made in France"

C’est seulement quelques semaines après la sortie de Siri sur iPhone 4S que la société xBrainSoft a présenté lors des TechDays (7-9 février) son assistant personnel intelligent. Disponible sur Windows Phone, Angie a globalement les mêmes fonctionnalités que Siri. Mais au lieu de se limiter (pour l’instant) aux données contextuelles présentes dans les bases de données du smartphone (carnet d’adresse, agenda, etc.), Angie est capable d’accéder à d’autres sources d’informations sociales comme le profil Facebook de son utilisateur par exemple (voir la démo). Cette ouverture lui permettra d’accéder à terme à de multiples services tiers en ligne. Une autre différence, et non des moindres, est que l’équipe de xBrainSoft est française! Il existe un véritable écosystème de sociétés françaises travaillant dans le domaine des agents intelligents et, plus généralement, des créatures artificielles : robots et autres avatars. Généralement, les technologies imaginées et développées dans notre pays sont bien plus créatives et potentiellement efficaces que les autres. Malheureusement, les « petites entreprises innovantes » manquent trop souvent de soutien financier (quand ceux-ci existent, les « dossiers » sont trop lourds et les temps de réponse beaucoup trop longs). La conséquence est que sur 100 Euros disponibles, dans le meilleur des cas 20% sont alloués au marketing et 80% au développement, alors qu’aux États-Unis c’est le contraire. Cette vision est bien évidemment caricaturale, mais elle donne à mon avis une bonne image des difficultés que rencontrent les entreprises innovantes pour faire connaître leur produit. En attendant ne boudons pas notre plaisir : bravo à l’équipe xBrainSoft!

Saturday, January 28, 2012

The origins of Artificial Intelligence

The origins of Artificial Intelligence (AI) usually begin with the theories proclaimed by ancient Greek philosophers and scientists. Although, arguments can be made that the first attempts were made thousands of years before, at the dawn of humanity. Long before the invention of writing, humans appear to have developed rudimentary techniques and tools for counting and representing information. Our view is that these first tools and some artworks are the real and oldest roots of AI. There are many forms of such Paleolithic artifacts founded all over the world. Some of them have been used for counting animals or objects, some others for predicting the future in earlier forms of religious rites.
Among many examples, carved notches made on bones dating from the upper Paleolithic period have been interpreted as a rudimentary means of counting the days for each phase of the moon. Small stone or bone female figurines, such as the well-known Venus, and some paintings on the walls of caves can be also viewed as the earliest attempts to create artificial creatures.
Early civilizations developed a variety of ways of representing and manipulating numerical quantities and knowledge in addition to the use of written symbols. For example, there is an artifact in the Yale collection showing that the Babylonians had a method, or in other words an algorithm, for calculating the square root of some numbers as early as 2,000 years BC.
Another particularly interesting example is the Edwin Smith Papyrus. It is an ancient Egyptian medical text on surgical trauma dated 1,600 BC. It contains 48 surgical observations of head wounds stated in the form of symptom-diagnosis-treatment-prognosis combinations. This rational approach to medicine is close to the basic principle of rule-based expert systems.

It can be argued that all these artifacts were only memory-helping devices rather than abstract or mechanical machines. Even the Abacus, which appeared in Asia Minor around 2,500 years ago and is still in use today, is not a real calculating machine. However, from our point of view, these tools for representing and storing information were the necessary first steps towards AI. (From "complex artificial intelligence" - Work in progress.)

Monday, January 23, 2012

EVA Intelligent Agents using Javascript and Jquery

I’m proud to announce a new version of the EVA (Evolutionary Virtual Agent) implemented using Javascript and JQuery. The core is 100% Javascript. It is a simpler version compared to the regular one implemented in C and running on both Windows and Linux. However, this implementation enables the design of most intelligent conversational characters without any strong limitation. It’s simple to program and it’s compatible with most platforms including iOS. Now EVA can run on every web browser and I assure you that it runs amazingly fast! The code will be available for free for all non-commercial application using the Creative Common license. If you want to develop your own conversational agent on your web site, please contact me!

Sunday, January 22, 2012

Créer des personnages artificiels inoubliables

Il faut bien reconnaître que, le plus souvent, ce sont les capacités des technologies employées qui font l’objet des principales attentions lorsque l’on crée un agent intelligent ou, plus généralement, un personnage artificiel.
Parmi les questions récurrentes : Est-ce que l’IA se limite au syntaxique (recherche de mots clés, etc.) ou bien sémantique (analyse du sens, ontologie, etc.), est-ce un « vrai » système multi-agent, etc.
En fait, la technologie est certes importante, mais elle n’est en aucun cas déterminante. Le point crucial réside dans la création d’un personnage crédible ou mieux encore : inoubliable.
C’est la cohérence et la profondeur du personnage qui déterminent l’empathie des utilisateurs à son égard. Une fois ce constat effectué, il faut se rendre à l’évidence : la très grande majorité des projets d’agents conversationnels mettent en scène des personnages quelconques, sans profondeur, sans véritable histoire. Bref, ils nous apparaissent bien insipides. Comment alors s’étonner du faible engouement des utilisateurs…
Or, il est un domaine qui a compris cela depuis très longtemps. Je veux parler des scénaristes et des dialoguistes qui, pour le divertissement et la fiction, ont une expérience inégalable et des méthodologies créatives qui évitent les stéréotypes et favorisent la création de personnages forts et multi-dimensionnés. Ils savent créer des personnages auxquels le public adhère et s’identifie. Ils savent également comment maintenir le pacte fictionnel qui lie le spectateur au personnage : le personnage n’est pas réel, ils le savent, mais ils l’identifient comme « vivant » tout au long de l’histoire sans se poser des questions métaphysiques sur les technologies employées.
Parmi les livres qui traient de ce sujet, je recommande l’ouvrage de Linda Seger : « créer des personnages inoubliables » aux éditions Dixit, ou bien la version originale « Creating uforgettable characters ». Parmi les innombrables et précieux conseils, voici quelques questions intéressantes : Ai-je caractérisé mon personnage sur son rythme de phrasé, son vocabulaire, la longueur de ses phrases ? Le dialogue contient-il du sous-texte ? Suis-je attentif à l’opposition qu’il y a entre ce que dit le personnage littéralement et ce qu’il est réellement en train de dire ? Puis-je deviner, uniquement grâce au dialogue, la culture, l’ethnie, le niveau d’éducation ou encore l’âge du personnage ? Sans voir le nom des interacteurs, serait-il possible de dire que plusieurs personnages conversent ? Puis-je les identifier ?
La création d’un personnage est un processus complexe. Au final, il est comme l’iceberg : seulement 20% est visible, mais pour qu’il soit crédible les 80% invisibles sont indispensables. C’est ce qui donne des personnages profonds, forts, parfaitement dimensionnés, …inoubliables.

Friday, January 06, 2012

HUMAIN – Quel corps, quel cerveau, quels rêves, quel monde pour demain?

Voici un ouvrage très recommandable! D’une part c’est un livre de grande qualité qui a le mérite d’aborder la question cruciale du « post-humain », avec ses inévitables débats éthiques, prophétiques, polémiques, etc., tout en restant accessible au plus grand nombre. D’autre part, autant le dire tout de suite, j’ai été très honoré de figurer parmi les personnalités interrogées où figurent quand même Marvin Minsky, David Chalmers, Ray Kurzweil, … pour ne citer qu’eux.
Voici le texte de présentation qui résume assez-bien le contenu très riche de ce livre – 560 pages ! – qui paraitra le 18 janvier prochain chez Flammarion :
« L'impossible d'hier est-il devenu le possible d'aujourd’hui? Produire des cellules artificielles, recomposer l'ADN, transformer nos cerveaux en machines artificielles, voir directement nos pensées sur un écran, réparer notre corps à l’infini grâce aux nanotechnologies jusqu’à repousser la maladie, la vieillesse, puis la mort... s’agit-il de science ou de fiction? Comment penser ces mutations scientifiques associées ò la révolution numérique, à la mondialisation, à l’écologie triomphante, à notre responsabilité planétaire? Sommes-nous face à une prospective caricaturale ou à une étape nouvelle dans l’histoire de l'humanité?
Pour répondre a ces questions, Monique Atlan et Roger-Paul Droit ont entrepris un tour du monde scientifique dans les laboratoires des chercheurs les plus réputés. Du MIT au Collège de France, de Stanford à Saclay, de Harvard à l’École normale supérieure, à New York, Londres ou Hambourg, leur enquête sans équivalent fournit une boussole irremplaçable et accessible a tous pour identifier les carrefours de pensée et les choix qui nous attendent.
Dans ce grand chantier du XXIe siècle, ils font dialoguer les disciplines et confrontent les points de vue pour renouveler cette question philosophique centrale : qu’est-ce que l’humain? »
Monique Atlan et Roger-Paul Droit ont interrogé, aux quatre coins du monde, les personnalités suivantes:
JEAN-CLAUDE AMEISEN, HENRI ATLAN, MARC AUGE, ZYGMUNT BAUMAN, JEAN-MICHEL BESNIER, GÉRARD BERRY, RÉMI BRAGUE, MICHAEL BRAUNGART, MONIQUE CANTO-SPERBER, MANUEL CASTELLS, MORAN CERF, DAVID CHALMERS, GEORGE CHURCH, DANIEL COHEN, ANTONIO DAMASIO, STANISLAS DEHAENE, PHILIPPE DESCOLA, FREEMAN DYSON, JEAN-PIERRE DUPUY, BERNARD EDELMAN, ALAIN EHRENBERG, RENÉ FRYDMAN, FRANCIS FUKUYAMA, MARCEL GAUCHET, ANDRÉ GREEN, JÜRGEN HABERMAS, GEORGES HANSEL, FRANÇOIS HARTOG, FRANÇOISE HERITIER, JEAN-CLAUDE HEUDIN, CHRISTIAN JAMBET, SUDHIR KAKAR, ÉTIENNE KLEIN, JULIA KRISTEVA, RAY KURZWEIL, PIERRE-MARIE LLEDO, DOUGLAS MELTON, JEAN-CLAUDE MILNER, MARVIN MINSKY, NICHOLAS NEGROPONTE, ERIK ORSENNA, CORINE PELLUCHON, ISABELLE QUEVAL, JOËL DE ROSNAY, AMARTYA SEN, RICHARD SENNETT, PETER SLOTERDIJK, JEAN-DIDIER VINCENT, ELIE WIESEL, FRANCIS WOLFF.
Monique Atlan est journaliste et productrice du programme littéraire quotidien "Dans quelle éta-gère" à France 2. Roger-Paul Droit est écrivain et journaliste. Chercheur au CNRS en philosophie, il est également chroniqueur (Le Monde, Les Echos, Le Point), et enseigne à Sciences-Po Paris. Il est l’auteur d’une trentaine de livres.