Sunday, May 12, 2013

Robopocalypse et possession démoniaque

Je  viens de terminer la lecture de « Robopocalypse » de Daniel H. Wilson et qui devrait être porté à l’écran par Stephen Spielberg prochainement. L’incertitude demeure sur la date de sortie du film, car celui-ci a été retardé, le scénario initial ayant été jugé beaucoup trop cher.
Le livre est plutôt bien écrit et se laisse lire. Les nombreuses scènes d’actions laissent préjuger d’un blockbuster musclé qui devrait ravir les amateurs du genre. Néanmoins, l’histoire ne brille pas par son originalité, puisqu’elle interprète à nouveau la liturgie des robots qui se révoltent contre l’humanité pour la détruire et ainsi sauver la planète. De ce point de vue, Robopocalypse pourrait très bien trouver sa place dans la série des Terminators à l'épisode du jugement dernier. Comme dans une majorité de scénarios similaires, les robots sont en fait manipulés par une IA qui a décidé d’en finir avec l’espèce humaine. Son nom est « Archos » dans Robopocalypse. Le vrai méchant, c’est-elle, et non les robots qui lui obéissent comme des pantins.
Bien souvent dans ce genre d’histoire, après avoir été conçue par un chercheur et son équipe de geeks en blouse blanche, l’IA commence à apprendre à une vitesse fulgurante. Et puis, d’un seul coup, comme par magie (noire), tout s’arrête comme si la conclusion de toute cette évolution ne pouvait être que la fin de l’humanité. Sous l’aspect d’un raisonnement a priori logique, cette transformation s’apparente plutôt à une possession démoniaque. On y retrouve en effet tous les traits d’un démon possédant la machine, lui insufflant la vie et une haine sans borne pour l’humanité. Là s’arrête la comparaison, car il n’y a pas de scène d’exorcisme à proprement parler. Cela pourrait d’ailleurs être un scénario assez original de mixer pour de bon les deux genres.
La possession est un concept qui rappelle celui d’avatar, autrement dit le contrôle d’une entité par une autre. L’origine provient du mot sanskrit « avatâra » qui au sens propre signifie « descente ». Il s’agit de l’incarnation corporelle d’une entité supérieure dans le monde des mortels pour accomplir une tâche précise. Initialement, le terme « avatar » a été utilisé dans la croyance hindoue pour les incarnations de Vishnou, le dieu suprême. Le principe de l’incarnation d’un dieu dans un corps matériel se retrouve dans les rites chamaniques ancestraux et également dans la tradition égyptienne antique. La notion d’avatar a ensuite été utilisée dans les histoires fantastiques (lire par exemple dans Robot Erectus, la nouvelle « Avatar » de Théophile Gautier). Mais alors que les déités hindoues s’incarnent pour sauver le monde du désordre cosmique engendré par les démons, la possession occidentale s’apparente plutôt à l’inverse : c’est un démon qui s’incarne pour apporter le chaos sur Terre.
Avec notre société technologique, la notion d’avatar a été étendue au contrôle d’une entité virtuelle ou d’un robot par un utilisateur humain. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce thème, tant les notions d’avatar et de possession sont riches et fertiles, non seulement pour l’imaginaire mais aussi pour inventer de nouveaux dispositifs pour augmenter la pensée et nos capacités, par exemple de traitement des données.

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